Guerre et économie : Kinshasa affiche sa résilience dans la tourmente

Confronté aux turbulences économiques amplifiées par la persistance des conflits armés, le gouvernement congolais, sous la bannière du second mandat présidentiel, déploie un discours de confiance et met en avant une gestion qu'il qualifie de robuste. C'est le message clé qui a émané du récent Briefing presse animé par le Ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya Katembwe, où le Vice-Premier Ministre et Ministre de l'Économie Nationale, Daniel Mukoko Samba, a détaillé les stratégies adoptées et les résultats obtenus, malgré un environnement national et international particulièrement éprouvant.
La complexité de la gestion économique en période de guerre est une réalité que tout exécutif doit appréhender. Le financement des opérations militaires, la prise en charge des dépenses imprévues liées aux hostilités, les potentielles ruptures des chaînes d'approvisionnement, la volatilité des marchés et les tensions inflationnistes constituent un ensemble de défis majeurs.
Dans ce contexte ardu, le Vice-Premier Ministre a insisté sur une "meilleure coordination" comme pilier central de l'approche gouvernementale, citant notamment la collaboration accrue entre la Banque Centrale du Congo (BCC) et les autorités financières publiques.
Sur le front monétaire, la BCC a intensifié ses interventions depuis novembre dernier pour soutenir la monnaie nationale et stabiliser le marché des changes. L'outil privilégié, la vente de Bons PCC, connaît une demande croissante, signe d'une "confiance dans les institutions" et particulièrement dans la Banque Centrale, selon le ministre. Parallèlement, cette confiance se manifeste dans la gestion des finances publiques. Malgré l'augmentation substantielle des dépenses liées au financement de la guerre et aux besoins exceptionnels, le gouvernement assure un financement "sain", évitant l'inflation et la déstabilisation du marché des changes grâce au succès des émissions de bons du Trésor et d'obligations.
Au-delà des indicateurs macroéconomiques, l'exécutif met en lumière des actions concrètes visant à améliorer le quotidien des Congolais, en cohérence avec les six engagements présidentiels, notamment la création d'emplois et la protection du pouvoir d'achat. Illustrant cet effort, des mesures ont été prises sur des produits de base essentiels dans un contexte d'instabilité du dollar, qui n'a finalement pas atteint les seuils alarmistes prévus par certains analystes en 2004.
Un exemple probant de cette stratégie réside dans le secteur des produits pétroliers. Face à un climat de pessimisme et aux craintes de pénurie, le gouvernement a opté pour une baisse des prix à la pompe d'environ 13% en octobre dernier, qualifiée de "pari audacieux".
Contrairement aux prévisions les plus sombres, cette décision n'a pas engendré de pénurie. Au contraire, elle a permis aux compagnies pétrolières de consolider leur trésorerie, garantissant ainsi des importations régulières et une disponibilité continue des produits. De manière significative, l'impact sur la consommation a été immédiat, avec une augmentation de près de 30% le mois suivant la baisse, atteignant des taux de croissance actuels de 50% à Kinshasa, où les livraisons quotidiennes ont plus que doublé.
Concernant les signalements de ruptures ponctuelles, le Vice-Premier Ministre a tenu à rassurer, les attribuant non pas à un manque de produits, mais à la forte demande et aux défis logistiques, entraînant des livraisons nocturnes plus fréquentes. Cette situation est présentée comme généralisée sur l'ensemble du territoire, bien que les modalités d'approvisionnement s'adaptent aux infrastructures locales.
Les retombées positives de cette baisse des prix ne se sont pas limitées à la consommation individuelle. Des entreprises ont enregistré des réductions notables de leurs dépenses opérationnelles, à l'image d'une société réalisant une économie mensuelle de 100 000 dollars sur les indemnités kilométriques. De même, les conducteurs de taxi-moto ont vu leurs revenus augmenter d'environ 100 dollars par mois grâce à la diminution du coût du carburant.
Enfin, un changement de dynamique notable a été souligné dans les relations entre le gouvernement et les acteurs du secteur pétrolier, avec la cessation des pressions constantes pour des augmentations tarifaires. Cependant, un paradoxe a été soulevé : l'augmentation du volume de consommation, bien que bénéfique à court terme, pourrait à terme induire une "hausse" des prix, un mécanisme inverse où la demande croissante tend à faire grimper les coûts.
En définitive, malgré le contexte de guerre et les défis économiques inhérents, le gouvernement congolais, à travers le discours de son Vice-Premier Ministre, dresse un tableau où la coordination institutionnelle, la confiance des opérateurs économiques et des décisions stratégiques telles que la baisse des prix des produits pétroliers ont généré des effets positifs tangibles sur le quotidien des citoyens et la stabilité macroéconomique. Bien que des ajustements futurs soient envisagés, ils sont présentés comme une conséquence de la dynamique du marché plutôt qu'un aveu de faiblesse de la politique économique en cours.
Gracieux Bazege