RDC : La Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la traite des êtres humains clôture sa mission officielle

La Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la traite des êtres humains, en particulier celle des femmes et des enfants, Mme Siobhán Mullally, a achevé ce vendredi une mission officielle de dix jours en République démocratique du Congo (RDC).
Devant la presse, l’experte onusienne a présenté les grandes lignes de son évaluation, réalisée lors de ses déplacements dans plusieurs villes du pays, notamment Kinshasa, Lubumbashi et Kipushi.
« Je remercie le gouvernement congolais pour avoir facilité ma visite officielle et accepté de coopérer durant les différentes étapes de la mission, ce qui m’a permis de présider plusieurs réunions avec diverses branches de l’État, y compris celles en charge des droits humains », a-t-elle déclaré.
Toutefois, Mme Mullally a vivement déploré l’interdiction qui lui a été imposée d’accéder aux zones contrôlées par le groupe armé M23, opérant dans la province du Nord-Kivu.
« Je regrette profondément la décision unilatérale de l’autorité de facto au Nord-Kivu, à savoir le groupe armé Alliance Fleuve Congo/Mouvement du 23 mars (AFC-M23), de révoquer, sans préavis, mon autorisation d’entrée dans cette province le samedi 19 juillet. Cela a gravement entravé le bon déroulement de ma mission », a-t-elle dénoncé.
Une traite généralisée et systématique
L’experte s’est dite « profondément préoccupée » par l’ampleur de la traite des personnes en lien avec les conflits armés, qu’elle qualifie de « généralisée et systématique ».
Selon elle, « la traite des êtres humains est utilisée comme une stratégie par certains groupes armés pour contrôler, terroriser et déplacer des communautés, renforcer leurs capacités militaires, prolonger le conflit et élargir leur emprise territoriale ».
Cette diplomate a précisé que cette traite, souvent à des fins d’exploitation sexuelle, constitue une forme de violence sexuelle en temps de guerre, comme le reconnaissent les résolutions 2331 et 2388 du Conseil de sécurité de l’ONU.
Mme Mullally affirme avoir reçu, de sources crédibles, des témoignages faisant état d’exploitations sexuelles, d’esclavage sexuel et de mariages forcés perpétrés par des groupes armés dans les territoires sous contrôle de la coalition AFC-M23.
Mme Mullally a exhorté le gouvernement congolais à rétablir l’autorité de l’État dans les zones minières, où la traite des êtres humains serait devenue une pratique banalisée et profondément enracinée.
Juvenal Bulemo