"Identité.net" : Vérité ou propagande ? Le roman noir du retour de Kabila sous la loupe

Ce mercredi 9 avril, le site "Identité.net" a publié un article au titre sensationnaliste, "Kabila, le grand démasqué : retour d’un exilé ou parachutage d’un chef rebelle ?". Dès le départ, le ton est donné : sous la plume partisane d'un certain Kambayi Morgan, se déploie un récit à charge digne d'un feuilleton à suspense de bas étage, où l'ancien président Joseph Kabila est métamorphosé en figure maléfique, tapi dans l'ombre et prêt à replonger le Congo dans les abysses.
Cependant, derrière ce titre racoleur et ce ton alarmiste, ne se cache-t-il pas une énième tentative de manipuler l'opinion, de distiller la peur et de réécrire l'histoire à coups de raccourcis et d'insinuations ?
Pour commencer, l'article s'ouvre sur un crescendo dramatique, présentant le retour annoncé de Kabila après six ans de silence comme une énigme aux relents de complot. "Est-ce vraiment un ancien président qui parle, ou un chef de guerre qui tombe le masque ?", s'étrangle l'auteur, feignant l'indignation face à un retour qui oserait s'amorcer par l'Est, cette région meurtrie. "Depuis quand un homme d’État commence son pèlerinage national par les bras de ceux qui éventrent la République ?", s'offusque-t-il, distillant l'idée d'une alliance monstrueuse sans daigner apporter la moindre preuve.
Ensuite, le soi-disant "langage qui trahit une alliance" est une ficelle éculée, grossièrement tirée. L'auteur s'accroche désespérément à une similitude superficielle entre les critiques de Kabila envers Tshisekedi et les rengaines de l'AFC/M23 et de "porte-paroles non-officiels de Kigali". Or, ce parallèle simpliste, digne d'un enfant jouant aux devinettes, ignore superbement la complexité des enjeux régionaux et la pluralité des voix discordantes. Ainsi, y voir une "orchestration" machiavélique relève d'une interprétation obsessionnelle, érigée en vérité absolue sans le moindre fondement solide.
De plus, le récit propagandiste se poursuit avec des "indiscrétions" sorties tout droit d'un chapeau de magicien, où Paul Kagame sommerait Kabila de "s’assumer". Sur cette base onirique, l'auteur fantasme un Kabila marionnette, prêt à revêtir un "uniforme" de chef de guerre sur commande rwandaise. Le summum de la désinformation est atteint avec l'évocation d'une rencontre secrète, un "chantage politique" rejeté par Kinshasa. Du pur roman-feuilleton, présenté comme une révélation fracassante.
Par ailleurs, Olivier Kamitatu, figure politique dont les propos dérangent visiblement l'auteur, est à son tour traîné dans la boue. Un message est qualifié de "faussement patriotique" et d'"aveu de collusion" pour avoir osé commenter le retour de Kabila. En effet, l'interprétation tordue de ses propos sur la résolution de la crise et le retour d'exilés sert à alimenter le fantasme d'une "nébuleuse anti-républicaine" et d'un "sabotage" ourdi dans l'ombre. De toute évidence, une lecture sélective et malveillante, typique des procès d'intention.
En outre, l'hypocrisie supposée de Kabila est brandie comme un étendard, lui reprochant une critique tardive des accords miniers avec les États-Unis après avoir soi-disant bradé les richesses du Congo à la Chine. Cependant, cet argument fallacieux ignore superbement le contexte géopolitique mouvant et la souveraineté d'un État à choisir ses partenaires. Finalement, la conclusion apocalyptique dépeint Kabila comme un agent d'une puissance étrangère, appelant à un rejet viscéral de ce "parachutage" annoncé.
En clair, l'article d'"Identité.net" n'est pas une information, c'est une opération de basse besogne. Un tissu de mensonges et de manipulations grossières visant à salir, à diviser et à instrumentaliser la peur. En réalité, les "preuves" sont inexistantes, les interprétations biaisées, et le ton digne d'une chasse aux sorcières. Par conséquent, il est impératif que le peuple congolais, celui qui aspire à la vérité et à la justice, démasque cette propagande éhontée et refuse de se laisser entraîner dans ce roman noir aux relents nauséabonds. En définitive, derrière le rideau de fumée des accusations sans fondement, se cache une tentative désespérée de réécrire l'histoire et de manipuler l'avenir du Congo. Il est temps de dire non, haut et fort, à ces marchands de haine et de désinformation.
Guyvenant MISENGE