Kinshasa accuse Kigali et le M23 de manipuler la démographie et d’orchestrer une campagne de terreur

Alors que la tension atteint son paroxysme à l’Est de la République démocratique du Congo, le gouvernement congolais tire la sonnette d’alarme sur ce qu’il qualifie de “stratégie planifiée de déstabilisation”. Dans un communiqué publié le 14 mai, Kinshasa accuse le Rwanda et le groupe rebelle M23-AFC d’avoir mené “une campagne de terreur” contre les populations civiles entre le 10 et le 13 mai, dans les territoires de Goma, Nyiragongo et Masisi.
Le bilan humain est lourd : plus d’une centaine de morts, des milliers de disparus, et des communautés entières plongées dans la peur. Le ministre de l’Intérieur, Jacquemin Shabani, dénonce “une traque systématique de civils innocents, sous prétexte de liens supposés avec des groupes armés”. Il évoque des “violations graves des droits humains”, citant des cas d’exécutions sommaires, de viols, de tortures et de pillages commis dans les zones occupées par les rebelles.
Au-delà des violences directes, Kinshasa s’inquiète d’une manœuvre de modification démographique. Selon les autorités congolaises, des familles rwandaises auraient été installées de force dans les régions sous contrôle du M23. “Des déplacés munis de cartes d’identité rwandaises sont implantés sur le territoire congolais dans le cadre d’un repeuplement organisé”, affirme le communiqué. Le gouvernement y voit “une épuration ethnique déguisée”, visant à remodeler la composition sociale de l’Est du pays.
La situation des réfugiés et personnes déplacées internes inquiète également. D’après Kinshasa, ces populations vulnérables seraient devenues des cibles prioritaires pour les rebelles. “Ce sont de véritables chasses à l’homme qui se déroulent sous le silence de la communauté internationale”, alerte le gouvernement, rappelant que ces actes constituent “une violation flagrante du droit international”, en référence à la Convention de Genève et à la Charte des Nations Unies.
Déterminées à ne pas laisser ces crimes impunis, les autorités congolaises promettent des poursuites. “Ce ne sont pas des faits isolés, mais la continuité d’un plan prémédité”, insiste Jacquemin Shabani. Un mécanisme de surveillance est maintenu sur le terrain, tandis que Kinshasa appelle à une “prise de conscience globale” et exhorte la communauté internationale à intervenir “sans délai” face à ce qu’elle considère comme des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
ST