Partenariat l'UE et Rwanda : Monique Mukuna éclaire les enjeux à l'Est de la RDC

<p>Quelques jours après que la RDC, à travers son vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, a contesté le soutien de la Pologne au Rwanda, l'UE et Kigali viennent de renforcer leur partenariat pour des chaînes de valeur durables des matières premières. Une nouvelle mal perçue par la RDC, pays voisin de Kigali, [&hellip;]</p>

20 Février 2024 - 19:48
27 Février 2024 - 15:02
 0
Partenariat l'UE et Rwanda : Monique Mukuna éclaire les enjeux à l'Est de la RDC

Quelques jours après que la RDC, à travers son vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, a contesté le soutien de la Pologne au Rwanda, l'UE et Kigali viennent de renforcer leur partenariat pour des chaînes de valeur durables des matières premières. Une nouvelle mal perçue par la RDC, pays voisin de Kigali, qui depuis un certain temps continue à accuser le gouvernement rwandais de soutenir les groupes armés tels que le M23, qui sèment la terreur, commettent des meurtres, des viols, des pillages des ressources naturelles et d'autres exactions dans la partie orientale de la RDC.

Depuis, des voix se sont élevées pour exprimer des révoltes ou des mécontentements. Dans une interview accordée à la rédaction de New Narratif RDC ce mardi 20 février, la présidente de la plateforme socio-politique RDC Nouvel Horizon, Monique Mukuna Mutombo, sans détour, s'est dite peu étonnée de la signature du contrat entre le Rwanda et l'Union européenne.

«Nous sommes plus que révoltés par cet accord, mais nous croyons que du côté de la RDC, il nous faut aujourd'hui faire preuve de pragmatisme plutôt que d'émotions inutiles qui profitent à nos ennemis», a réagi Monique Mukuna, présidente de RDC Nouvel Horizon.

Dans ses habitudes légendaires, la ténor des femmes leaders politiques congolaise, Monique Mukuna, qui aspire au pouvoir de Kinshasa, accuse le gouvernement de jouer un jeu politique et de communication qui profite au Rwanda, bien que cela, selon elle, ne résume pas la situation de l'insécurité prévalant à l'Est.

S'appuyant sur ses expériences, cette femme engagée, qui a fait ses preuves principalement dans le secteur privé, notamment dans les entreprises minières, Monique Mukuna se dit peu étonnée de la signature du protocole pour des chaînes de valeur durables des matières premières entre l’UE et le Rwanda.

«Nous disons simplement qu'il n'y a pas d'étonnement à propos de ce contrat. Nous avons travaillé pendant quelques années pour des multinationales dans le secteur minier, et il n'est un secret pour personne que l'intérêt porté par l'Union européenne aux “matières premières”rwandaises ne présage rien de bon en termes de sécurité territoriale pour la RDC», a souligné Monique Mukuna.

En tant qu'opposante au régime actuel, la présidente de RDC Nouvel Horizon s'est montrée très stupéfaite et critique face à l'attitude récurrente du régime de Kinshasa dans la gestion de la guerre dans le Nord Kivu.
«Malgré toutes les accusations portées par la RDC ainsi que les rapports internationaux contre le Rwanda et les autres pays qui nous font la guerre à l'Est, nous observons un statu quo, car nous soufflons le chaud et le froid : nous déclarons la guerre et nous négocions en privé ; nous déclarons un jour Monsieur Kagame comme un ami, et le lendemain comme un ennemi. Nous faisons appel à des mercenaires, nous enrôlons nos jeunes dans l'armée, nos généraux mènent une vie de luxe… Kinshasa doit se réveiller», a-t-elle déploré.

Avec un cœur rempli d'amour pour sa nation et ses compatriotes, la leader des mamans congolaises, Monique Mukuna Mutombo, invite le gouvernement à assumer une responsabilité de haut niveau.

«Soit notre gouvernement continue d'adopter cette attitude de victimisation, soit nous prenons les choses en main en tant que responsables, car ni la SADC, ni l'EAC, ni aucune autre organisation ou pays ne pourra trouver des solutions à nos problèmes tant que nous n'aurons pas le courage de faire un bilan honnête en interne et d'ajuster nos actions par rapport à la situation générale», a-t-elle déclaré.

La MONUSCO et la force de l'EAC sont appelées à quitter le sol congolais cette année, laissant derrière elles une montée en puissance de l'agression du M23 au Nord-Kivu et du groupe armé CODECO à l'Ituri. Cette mesure découle de la résolution 2717 (2023), récemment adoptée à l'unanimité par les 15 membres du Conseil de la MONUSCO, qui fixe le mécanisme du retrait des contingents de la MONUSCO d'ici le 30 juin 2024, et la mission de l'EAC a pris fin le 8 décembre dernier. Ces départs, jugés prématurés par plusieurs observateurs, notamment les États-Unis, car selon eux, les forces armées congolaises ne sont pas encore en mesure d'assurer la défense du territoire national.
S'exprimant également sur ces départs, Monique Mukuna Mutombo a formulé des préalables nécessaires sous forme interrogative pour espérer une solution satisfaisante.
«Si nous accusons la MONUSCO de faire partie du problème, qu'est-ce qui l’empêcherait de revenir sous une autre forme ? Si nous demandons à l'EAC de quitter notre territoire, quel serait le manque à gagner pour eux ? Quelle était la compensation pour eux d'être en RDC ? Quelle est la compensation pour la SADC d'être chez nous ?», s'est interrogée Monique Mukuna.

A en croire, la cheffe de file de RDC Nouvel Horizon, « en répondant à ces questions : la sagesse, l'humilité ainsi que le mea culpa des autorités de Kinshasa, qui ont pris de nombreuses décisions hâtives, pourront rétablir les choses et prévenir de nouveaux conflits potentiels, car la RDC est confrontée à une guerre multiforme et multidimensionnelle », a-t-elle estimé, Mukuna.

«Sans des institutions fortes, nous serons toujours à la merci du premier vautour affamé. Malheureusement, les Congolais sans voix risquent de payer le prix fort. La balle de l'ennemi ne choisit pas un parti politique, une tribu, ni un clan», a conclu Monique Mukuna Mutombo, présidente de la plateforme RDC Nouvel Horizon.

Guyvenant MISENGE