Perturbations des signaux GPS dans l'Est de la RDC : un rapport de l'ONU accuse le Rwanda et le M23
Un rapport publié mercredi 08 janvier 2025 par le Groupe d'experts des Nations unies révèle l'existence de systèmes de brouillage et de « spoofing » des signaux GPS opérant depuis des positions stratégiques au Rwanda et dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Ces interférences, observées entre mai et août 2024, perturbent gravement la navigation aérienne civile, humanitaire et onusienne dans une région déjà marquée par une instabilité chronique.
Selon ce rapport consulté par notre rédaction, deux systèmes de brouillage ont été localisés sur le territoire rwandais. L’un se trouve sur une colline à Gisenyi, à moins de trois kilomètres de la frontière congolaise, tandis que l’autre est implanté à 500 mètres de l’aéroport de Kamembe, près de Bukavu au Sud Kivu. En RDC, un troisième système a été détecté à Kanyabayonga, au Nord-Kivu, après que cette zone est tombée sous le contrôle du mouvement rebelle M23 et des Forces de défense rwandaises (RDF).
Ces perturbations récurrentes ont des conséquences directes sur la sécurité aérienne. Le 29 octobre 2024, un drone de surveillance de la Mission des Nations unies en RDC (MONUSCO) a perdu contact au-dessus d’une zone de combat active à Mpeti, dans le territoire de Walikale. Brouillé par une attaque GPS, l’appareil s’est écrasé près de Kikuvo, à 15 kilomètres de Kirumba. Cet incident est survenu peu après une exigence de la coalition AFC-M23 demandant l’arrêt de l’utilisation des drones par la MONUSCO.
Les zones de Goma, Kibumba, Sake, Kitchanga et Bukavu figurent également parmi les régions affectées par des actes de brouillage ou d’usurpation de signaux GPS. Ces attaques contraignent fréquemment les aéronefs civils et humanitaires à passer en mode de pilotage manuel, augmentant les risques d’incidents graves.
Le rapport onusien attribue ces actes à la RDF et au M23, sur la base de sources proches de ces entités. Aucune preuve n’a été trouvée impliquant les Forces armées de la RDC (FARDC) ou d’autres forces congolaises dans l’utilisation de ces technologies sophistiquées.
Les experts des Nations unies estiment que ces perturbations, bien qu’elles visent à offrir un avantage militaire aux entités responsables, représentent une menace importante pour la sécurité aérienne dans la région. « La navigation aérienne est mise en danger, et cela impacte non seulement les vols civils, mais aussi les missions humanitaires dans une région où l’aide est cruciale », souligne le rapport.
Pour ces groupes d’experts de l’ONU, tel qu’ils l’ont indiqué dans ce rapport, il y a lieu de croire que ce document, qui servirait à la RDC de preuve supplémentaire pour continuer à accuser le Rwanda comme instigateur majeur de ce qui sévit dans sa partie Est, essentiellement dans le Nord-Kivu, renforce les tensions déjà vives entre la RDC et le Rwanda, régulièrement accusé de soutenir le M23. La communauté internationale, l’Union Africaine, l’ONU, la SADC et bien d’autres sont appelés à agir face à cette situation qui compromet gravement la sécurité et la stabilité dans la région.
Gracieux Bazege