Procès Kabila : le ministère public requiert la peine de mort contre l’ancien président

La plaidoirie dans l’affaire visant l’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila Kabange, s’est poursuivie devant la Haute cour militaire. L’audience de ce vendredi a été marquée par les réquisitions du ministère public, qui a demandé la peine capitale contre le prévenu.
Dans son intervention, le Procureur général près la Haute cour militaire a détaillé plusieurs faits attribués aux rebelles de l’AFC/M23 dans les zones sous leur contrôle : meurtres de civils, viols, exécutions sommaires, déportations forcées et destructions. Selon lui, l’ancien chef de l’État a joué un rôle central dans ces exactions.
Le magistrat a notamment évoqué des propos de Joseph Kabila qualifiant les actes rebelles d’« aspirations du peuple », son retour par les zones occupées, ainsi que ses rencontres avec les insurgés, perçues comme un soutien moral et politique. Pour l’accusation, ces éléments établissent la responsabilité de Kabila en tant qu’« auteur intellectuel », c’est-à-dire l’instigateur derrière les auteurs matériels.
Au-delà de la peine de mort, le ministère public a requis :
- 20 ans de servitude pénale pour apologie du terrorisme,
- 15 ans pour complot,
- la mise sous séquestre des biens de l’ancien président,
- sa condamnation aux frais,
- la contrainte par corps et son arrestation immédiate.
Joseph Kabila n’a pas comparu depuis l’ouverture du procès, son absence ayant été actée par la cour. Il est poursuivi pour trahison, participation à un mouvement insurrectionnel, complot et apologie du terrorisme. La procédure a été déclenchée après une injonction du ministre de la Justice, suivie d’un vote favorable du Sénat autorisant les poursuites.
Ces accusations, portées par le gouvernement du président Félix Tshisekedi, sont rejetées par les proches de l’ancien chef de l’État. Le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) dénonce une « mise en scène » visant à « écarter un acteur politique majeur de l’opposition ». Son secrétaire permanent, Emmanuel Ramazani Shadary, affirme qu’au lieu d’un procès, le pays aurait plutôt besoin d’« initiatives en faveur de la paix et de la cohésion nationale ».
L’affaire, qui polarise l’opinion congolaise, se poursuit donc dans un climat tendu, entre accusations de crimes graves et dénonciations de persécution politique.
Gracieux Bazege