RDC : L'opposition réclame un "processus de Kinshasa" après la rencontre Kagame-Tshisekedi à Doha, suscitant des réactions contrastées

La récente rencontre entre les présidents Félix Tshisekedi de la République Démocratique du Congo (RDC) et Paul Kagame du Rwanda à Doha, au Qatar, a ravivé les débats sur les initiatives de paix dans l'Est de la RDC. Profitant de cette occasion, la coalition d'opposition Lamuka a, ce mercredi 19 mars appelé à l'ouverture d'un "processus de Kinshasa", une proposition qui divise la classe politique et la société civile.
Par la voix de son porte-parole, Prince Epenge, Lamuka a exhorté le président Tshisekedi à instaurer un dialogue national, baptisé "processus de Kinshasa", sous la médiation de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO). Cette initiative, selon Lamuka, vise à impliquer davantage les acteurs nationaux dans la recherche de solutions à la crise sécuritaire, en complément des processus diplomatiques déjà en cours, tels que ceux de Luanda, Nairobi et Doha.
La proposition de Lamuka a suscité des réactions variées. Certains analystes politiques estiment que l'opposition devrait d'abord collaborer avec le conseiller spécial du chef de l'État en matière de sécurité, chargé de consulter les forces politiques pour la formation d'un gouvernement d'union nationale. Ils suggèrent que l'opposition attende une invitation officielle pour engager un dialogue constructif.
D'autres critiques se sont élevées contre l'idée d'une médiation par la CENCO, accusée de partialité et soupçonnée de poursuivre un agenda caché contre le pouvoir en place. Ces voix appellent à privilégier des cadres de dialogue plus inclusifs et neutres pour garantir l'impartialité des discussions.
La RDC est actuellement le théâtre de plusieurs initiatives de paix visant à résoudre la crise sécuritaire dans l'Est du pays. Parmi celles-ci :
- Le processus de Luanda, piloté par l'Angola, qui cherche à instaurer un cessez-le-feu et à faciliter le retrait des forces étrangères du sol congolais.
- Le processus de Nairobi, initié par le Kenya, qui met l'accent sur le dialogue entre les groupes armés et les communautés locales.
- Les discussions de Doha, facilitées par le Qatar, qui ont permis la rencontre directe entre les présidents Tshisekedi et Kagame.
Cette multiplicité d'approches reflète la complexité de la crise et la nécessité d'une coordination efficace pour parvenir à une solution durable.
La proposition de Lamuka pour un "processus de Kinshasa" soulève des questions cruciales sur la stratégie à adopter pour résoudre la crise sécuritaire en RDC. La capacité des acteurs politiques à transcender leurs divergences et à privilégier l'intérêt national sera déterminante pour l'avenir du pays. Alors que les initiatives internationales se multiplient, un dialogue national inclusif pourrait offrir une opportunité unique de renforcer la cohésion interne et de poser les bases d'une paix durable.
Rémy Mbuyi