RDC : L’échec des négociations avec l’AFC/M23, un revers lourd de conséquences

19 2025 - 18:40
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RDC : L’échec des négociations avec l’AFC/M23, un revers lourd de conséquences

L’échec des négociations entre le gouvernement congolais, dirigé par Judith Suminwa sous le régime de Félix Tshisekedi, et le groupe armé AFC/M23, sous la médiation du président angolais le 18 mars, révèle des failles stratégiques profondes et des choix politiques discutables. Soutenue par les communautés régionales, internationales et locales, cette initiative visait à instaurer la paix, mais elle a souvent été rejetée par Kinshasa, qui qualifie l’AFC/M23 de « patin », « placebo » ou encore « coquille vide ». Après de multiples refus, lorsque la RDC semble enfin prête à engager le dialogue, c’est paradoxalement le groupe rebelle qui se rétracte.  

Ce retournement de situation aurait pu être l’occasion d’une réflexion stratégique, mais le gouvernement de Kinshasa a choisi de célébrer cet échec comme une victoire, laissant perplexes observateurs et citoyens. Promesse Matofoli Yonama, dans une analyse incisive, met en lumière les conséquences graves de cette impasse, tout en soulignant les incohérences d’une gestion de crise qui semble davantage guidée par des considérations politiques que par une réelle volonté de résoudre le conflit.

L’AFC/M23 continue d’étendre son emprise sur les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Leur progression rapide, qui les place aux portes de Kisangani et Kindu grâce à leur avancée stratégique vers Walikale Centre, témoigne de l'incapacité des FARDC à contenir cette menace. Face à cette situation alarmante, Yonama souligne que les réponses du gouvernement semblent désespérément lentes. Sans la présence de l’armée ougandaise dans le nord du Nord-Kivu, précise-t-il, des villes comme Butembo et Beni auraient déjà succombé à l’offensive de l’AFC/M23. Cette intervention ougandaise, loin de s’inscrire dans une stratégie régionale coordonnée par Kinshasa, résulte des efforts diplomatiques de l’honorable Antipas Mbusa Nyamwisi, dont la démarche contraste vivement avec l’immobilisme du régime.

Pendant ce temps, l’AFC/M23 continue de se renforcer non seulement sur le plan territorial, mais aussi économique. Yonama pointe du doigt les recettes astronomiques estimées à plus de 20 millions de dollars que le groupe armé perçoit des taxes, impôts et minerais dans les zones qu’il contrôle, incluant des villes majeures comme Goma, Bukavu et Bunagana. Ce pouvoir économique, combiné à une gestion de territoires abritant environ 7 millions d’habitants, confère à l’AFC/M23 une autorité qui outrepasse celle de certains États reconnus. Cette réalité alarmante est d’autant plus aggravée par l’assurance du groupe que des acteurs régionaux comme la SADC, l’EAC ou encore le Burundi ne reprendront pas les combats aux côtés des FARDC.

Toutefois, la situation ne se limite pas à cette expansion. Les sanctions internationales, bien qu'importantes, sont jugées inefficaces par Yonama, qui déplore également la lenteur de la riposte militaire. Les équipements militaires capturés par l’AFC/M23 dans des villes stratégiques comme Goma et Bukavu ne font que renforcer leur arsenal et leur résilience, accentuant les défis pour les FARDC. De son côté, le régime Tshisekedi semble se satisfaire des sanctions individuelles imposées à certains responsables, mais celles-ci ne peuvent en aucun cas libérer les territoires occupés. Yonama souligne l’inadéquation de cette stratégie et rappelle que la communication gouvernementale, qu’il qualifie de trompeuse, ne fait qu’aggraver le sentiment d’abandon ressenti par la population.

Dans ce contexte, Yonama conclut sans équivoque que l’AFC/M23 est le principal bénéficiaire de l’échec des négociations, tandis que le gouvernement congolais y perd sa crédibilité et son autorité. Selon lui, si le régime avait réellement la volonté de mettre fin à la guerre, il aurait pris des mesures décisives pour stopper l'avancée du groupe armé. Pourtant, les faits, têtus et implacables, révèlent un gouvernement plus préoccupé par les apparences que par une action concrète pour soulager les souffrances de sa population. « La vérité blesse, mais elle reste incontournable », conclut-il avec gravité, en appelant à une prise de responsabilité urgente face à une crise qui ne cesse de s’aggraver.


Guyvenant Misenge

newnarratifrdc Créé en 2023, New Narratif RDC est un média en ligne de l'Ets. Groupe New NARRATIF RDC. Dans son traitement d’informations, New NARRATIF RDC accorde l’importance à l’image positive de la République démocratique du Congo et de ses institutions en vue de pérenniser le «CHANGEMENT DE NARRATIF »