Retrait de l'accréditation d'Al Jazeera par le gouvernement congolais : Guyvenant Misenge défend la liberté de la presse
Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a récemment pris une décision qui a suscité de vives réactions tant au niveau national qu'international. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication (CSAC) a retiré l'accréditation de la chaîne de télévision qatarienne Al Jazeera, suite à la diffusion d'une interview avec Bertrand Bisimwa, chef du groupe rebelle M23.
Selon le gouvernement congolais, cette interview constitue une violation flagrante des lois de la République et des principes sacrés du journalisme. Christian Bosembe, président du CSAC, a déclaré : « J’avais prévenu : aucun média ne peut violer impunément les lois de la République et les principes sacrés du journalisme. La chaîne Al Jazeera a délibérément choisi l’apologie du crime. Le CSAC a agi fermement. Dans les jours à venir, d’autres médias déviants seront frappés sans concession. »
Le gouvernement accuse Al Jazeera de faire l'apologie du terrorisme en donnant la parole à un chef rebelle, ce qui, selon eux, équivaut à soutenir des actes criminels et à saboter la loi congolaise.
Cette décision a été accueillie avec des sentiments mitigés. D'un côté, certains Congolais ont salué la fermeté du CSAC et encouragent la poursuite de telles mesures pour protéger la souveraineté nationale et la sécurité publique. De l'autre, des voix critiques se sont élevées pour dénoncer une atteinte à la liberté de la presse et à l'accès à l'information.
Guyvenant Misenge, journaliste et chercheur en sciences de l'information et de la communication, a rappelé l'importance de la déontologie journalistique et de la loi sur la liberté d'expression. « Un journalisme libre et indépendant ne peut exister sans une quête permanente de vérité. Cela passe par un principe simple mais fondamental : offrir une tribune équitable à toutes les parties impliquées. »
À l'heure du numérique et des tabloïds, la question se pose de savoir si interdire une chaîne d'émettre sur le territoire congolais est une mesure efficace. Avec Internet et les technologies de contournement comme les VPN, Al Jazeera reste accessible en streaming, rendant la censure traditionnelle moins pertinente.
Le retrait de l'accréditation d'Al Jazeera par le gouvernement congolais soulève des questions complexes sur la liberté de la presse, la sécurité nationale et l'efficacité des mesures de censure à l'ère numérique. Si certains soutiennent cette décision comme une nécessité pour maintenir l'ordre et la loi, d'autres y voient une menace pour la liberté d'expression et l'accès à une information équilibrée.
Rédaction