Revue de presse : Kinshasa sous tension face au retour de Kabila, aux scandales financiers et à l’urgence humanitaire à la Une

L'actualité congolaise de ce vendredi 11 avril est dominée par une série d'événements interconnectés qui captivent l'attention tant politique que sociale. Au premier plan de ces préoccupations figure le potentiel retour de l'ancien président Joseph Kabila, une perspective qui, selon les échos de la presse, génère une atmosphère d'incertitude et de tension palpable à Kinshasa.
En effet, LE PHARE révèle que cette éventualité provoque une vive inquiétude au sein des autorités, celles-ci redoutant une possible instrumentalisation de la rébellion à des fins politiques. Le quotidien souligne ainsi la double vigilance de Kinshasa, les yeux rivés à la fois sur les développements à Doha et sur la situation à Goma, pleinement conscients du potentiel déstabilisateur qu'un retour de l'ancien chef de l'État pourrait engendrer sur l'équilibre précaire du pays. Dans la même veine, LE MAXIMUM met en lumière ce retour en titrant sur son caractère "tonitruant et intriguant", rappelant au passage les graves accusations de complicité avec l'agression rwandaise de 2021, portées par l'actuel président Félix Tshisekedi à l'encontre de son prédécesseur.
Parallèlement à ces spéculations, CONGO NOUVEAU indique que cette annonce de retour a conforté l'UDPS dans ses allégations de connivence entre Joseph Kabila et les rebelles de l'AFC-M23. Poussant plus loin l'analyse, LA TEMPÊTE DES TROPIQUES dépeint un Joseph Kabila de plus en plus isolé, allant jusqu'à pactiser avec un mouvement qu'il avait lui-même qualifié de terroriste durant son long règne. Le tabloïd s'interroge sur la capacité de l'ancien président à justifier ce revirement face à une opinion publique congolaise qui n'a pas oublié les conséquences controversées du "brassage-mixage" au sein de l'armée nationale sous son mandat.
Sur un autre plan, une polémique a éclaté concernant le financement du "Pacte social pour la paix", une initiative conjointe de la CENCO et de l'ECC. Face aux rumeurs persistantes d'un financement par Kigali, les deux institutions religieuses ont tenu à clarifier leur position. LA PROSPÉRITÉ rapporte ainsi la publication d'un communiqué dans lequel la CENCO et l'ECC insistent sur le fait qu'il s'agissait "uniquement de l'hospitalité dans le cadre protocolaire des missions", minimisant la portée de l'assistance rwandaise à de simples facilités logistiques. Toutefois, cette version est nuancée par les informations de CONGO NOUVEAU, qui rappelle que le président de la CENCO, Mgr Fulgence Muteba, avait précédemment cité Kigali parmi les contributeurs financiers à cette initiative lors d'une déclaration publique.
Dans le domaine politique, LA RÉFÉRENCE PLUS annonce l'exclusion "définitive" du député Gratien Iracan du parti Ensemble de Moïse Katumbi, une décision motivée par un "manquement grave à la discipline" et un "comportement attentatoire" à l'image du parti, selon les termes d'un communiqué officiel.
Par ailleurs, une initiative controversée refait surface à Goma. L'AVENIR met en garde contre la réouverture imminente de la Cadeco/Goma, prévue pour ce lundi, la qualifiant sans détour d'"arnaque" orchestrée par le M23-AFC. Citant le ministre des Finances, le journal établit un parallèle inquiétant avec les opérations frauduleuses du passé sous le régime de Mobutu, telles que "Bindo" et "Nguma Promotion", suggérant une tentative de tromper la population en l'incitant à des dépôts sans garantie.
L'attention se tourne également vers le judiciaire avec la reprise de l'affaire Bukanga-Lonzo. LE QUOTIDIEN annonce la nouvelle convocation de Matata Ponyo et de ses co-accusés devant la Cour constitutionnelle ce lundi 14 avril. Cependant, OURAGAN rappelle le parcours sinueux de ce dossier, marqué par de multiples déclarations d'incompétence des hautes juridictions avant sa réouverture en juillet 2023. ECONEWS qualifie cette saga judiciaire de "feuilleton politique" qui dure depuis quatre ans, soulignant les avis contradictoires au sein de la Cour constitutionnelle. Accusé de détournements de fonds liés à ce parc agro-industriel lancé sous l'ère Kabila, Matata Ponyo dénonce un procès qu'il considère comme politiquement motivé depuis l'arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi.
Au-delà de ces dossiers majeurs, l'actualité est également marquée par des développements dans d'autres secteurs. Sur le plan économique, FORUM DES AS rapporte que le projet stratégique du port en eaux profondes de Banana devrait devenir opérationnel en 2026, suite à une rencontre entre la Première ministre Judith Suminwa Tuluka et les dirigeants de DP World à Dubaï. En matière de lutte contre la corruption, LE MAXIMUM révèle, sur base d'un rapport de l'Inspection générale des finances, un détournement de 10 millions de dollars destinés à la rénovation de Muanda, impliquant notamment l'actuel ministre des Sports et Loisirs, Didier Bidimbu, et la cheffe du Comité de gestion du Fonds Muanda, Michelle Makengo. Enfin, les conséquences désastreuses des récentes inondations à Kinshasa continuent de susciter des réactions. INFOS27 annonce la convocation du gouverneur de la ville, Daniel Bumba, par l'Assemblée provinciale pour rendre compte de la gestion de cette crise. Dans ce contexte, LE PHARE et OURAGAN mettent en cause la responsabilité de l'ancien gouverneur Gentiny Ngobila, l'ODEP allant jusqu'à réclamer des poursuites judiciaires pour détournement et corruption. De son côté, LE JOURNAL rapporte l'indignation de l'ancien président de l'Assemblée provinciale de Kinshasa, Gode Mpoyi, face à un rapport de la Cour des Comptes relayé par l'ODEP, qu'il dénonce comme une manipulation politique visant à ternir sa réputation dans le cadre du financement du marché central.
Rédaction