Concert solidarité Congo : L'émotion palpable d'un soutien malgré la désolation

Paris, France – L'Accor Arena de Bercy a vibré mardi 22 avril 2025 au rythme d'un concert de solidarité pour les victimes du conflit qui ravage l'est de la République Démocratique du Congo (RDC). Toutefois, l'événement, initialement prévu en une date hautement symbolique – le 7 avril, commémoration du génocide des Tutsi au Rwanda – et finalement reporté en raison de vives tensions entre les communautés rwandaise et congolaise en France, s'est déroulé dans une atmosphère paradoxale, mêlant ferveur militante et profonde tristesse face à la tragédie persistante.
La mobilisation fut impressionnante. En effet, la salle parisienne a affiché complet, réunissant une foule hétéroclite allant de représentants du gouvernement congolais, à l'instar de la Ministre de la Culture, à une pléiade d'artistes engagés et des milliers de spectateurs venus de toute l'Europe. Dans un élan d'unité, de nombreux participants brandissaient fièrement le drapeau tricolore de la RDC, symbole d'un espoir tenace malgré l'adversité.
Dès l'entame, le rappeur Soolking a embrasé la scène, insufflant une énergie communicative et un message d'espoir au public. Sa déclaration à l'issue de sa performance – « Ça montre que la musique peut rassembler tout le monde, surtout pour de nobles causes » – a trouvé un écho particulier dans le contexte délicat de cet événement. Par la suite, la star de la rumba congolaise, Fally Ipupa, a captivé l'audience, lançant un vibrant appel à « faire du bruit pour le Congo indivisible », prônant ainsi l'unité et la paix face à la fragmentation et à la violence.
Un moment fort de la soirée a été la performance collective des rappeurs français, dont Damso et Ninho, avec leur titre poignant "Free Congo". Ce cri de résistance a résonné dans l'Accor Arena, dénonçant un conflit trop souvent relégué au silence international. De même, le spécialiste de la drill francophone, Gazo, et le parolier Youssoupha, accompagnés de Singuila, ont partagé des messages puissants, soulignant l'urgence de la situation. Sur un registre spirituel, l'artiste et pasteur Moise Mbiye a touché le public avec une prière pour que « la richesse du Congo profite aux Congolais, mais de manière légale », pointant du doigt les enjeux économiques sous-jacents au conflit.
La solidarité a dépassé les frontières, avec la participation du joueur de kora malien Sidiki Diabaté, qui a appelé à la paix sur l'ensemble du continent africain, insistant sur la futilité de la guerre. Cependant, l'ambiance de solidarité et d'espoir n'a pu totalement masquer la profonde désolation face à la tragédie en cours.
Un élément particulièrement marquant et poignant de la soirée fut l'intervention du rappeur et chanteur congolais Gims. Dans une atmosphère électrique, mais chargée d'émotion, il a interprété des chansons touchantes, culminant avec son titre controversé "Thémistocle". Cette chanson, issue de son nouvel album, fait une référence directe et sans équivoque à Paul Kagame, figure centrale dans le soutien présumé au groupe rebelle M23.
De manière explosive, Maître Gims a utilisé une comparaison choc, affirmant : « Kagame rime avec croix gammée », soulignant la gravité de la situation "terrible" en RDC. Son frère Dadju, également musicien populaire en France, a su galvaniser la foule en lançant un appel vibrant à ne « plus jamais être seuls ».
Dès le début du concert, une vidéo poignante a plongé la salle dans une profonde émotion. Des témoignages de femmes survivantes, le regard marqué par la douleur, ont exprimé leur désespoir face à une violence endémique. Leurs voix brisées, mais déterminées, ont appelé à la paix et à la justice, suppliant de ne plus être abandonnées. Ces témoignages crus ont rappelé avec force la véritable raison de ce concert : l'urgence humanitaire et la souffrance indicible des populations de l'est de la RDC.
Malgré les tensions initiales et la lourdeur du contexte, ce concert a représenté un moment de rassemblement essentiel, une manifestation tangible de solidarité et un cri d'espoir fragile pour un avenir meilleur en RDC. Comme l'a souligné Isaac Massiala, conseiller au ministère des Sports et Loisirs, « même si un concert ne va pas changer les choses à lui seul, cette mobilisation montre le besoin de tirer la sonnette d'alarme une fois de plus. » Reste à savoir si ce cri sera entendu et se traduira par une action concrète pour mettre fin à la désolation.
Mulebourg