Est de la RDC : Le M23 défie l'ONU et veut dicter sa loi à la Monusco
Fort de ses avancées militaires, le mouvement terroriste soutenu par le Rwanda cherche à redéfinir les règles du jeu avec la Monusco dans les zones qu'il contrôle. L'AFC/M23 ambitionne de contraindre la mission onusienne à signer un accord encadrant sa présence, une démarche inédite qui exacerbe les tensions et révèle un rapport de force inversé, selon des informations exclusives de RFI.
Le bras de fer entre l'AFC/M23 et la Monusco prend une tournure inédite et potentiellement explosive dans l'est de la République Démocratique du Congo. Galvanisé par ses succès militaires éphémères sur le terrain, le mouvement terroriste soutenu par Kigali ne se contente plus de défier l'autorité de l'État congolais ; il ambitionne désormais de redéfinir le statut même de la présence onusienne dans les territoires qu'il contrôle.
Selon des sources concordantes obtenues par RFI, l'AFC-M23 exerce une pression croissante sur la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) afin qu'elle signe un protocole d'accord dictant les modalités de sa présence.
Ce bras de fer spectaculaire intervient dans un contexte où le rapport de force sur le terrain a basculé. En janvier dernier, les casques bleus de la Monusco s'étaient engagés dans les combats pour tenter de contrer l'avancée de l'AFC/M23 vers Goma, capitale du Nord-Kivu.
Une opération, baptisée Springbok III et mobilisant des forces spéciales et de l'artillerie, s'était soldée par un échec cuisant, avec de lourdes pertes pour la Monusco elle-même : trois morts et 37 blessés parmi ses rangs.
Fort de cette "victoire" de facto, l'AFC/M23 considère désormais la mission onusienne comme une force vaincue, dont les mouvements sont déjà étroitement surveillés et limités.
Aujourd'hui, l'objectif du mouvement politico-militaire est clair : obtenir de la Monusco la signature d'un mémorandum d'entente qui officialiserait et encadrerait sa présence dans les zones sous son contrôle. Des sources onusiennes ont confirmé à RFI que cette démarche pressante est en cours depuis plusieurs semaines.
Cependant, cette exigence se heurte à un obstacle majeur : la Monusco se trouve actuellement dans l'impossibilité juridique d'accéder à une telle demande.
Engager une interaction formelle et signer un accord avec un groupe armé sous sanctions requiert une autorisation spécifique, fruit d'une révision de son mandat par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Une révision qui n'a pas encore eu lieu à ce jour.
Ce blocage met en lumière une escalade dangereuse : un groupe armé non étatique tente d'imposer ses conditions à une mission de maintien de la paix de l'ONU, soulignant la complexité et la volatilité extrême de la crise dans l'est de la RDC.
Rédaction
