Guerre dans l'Est de la RDC : Christophe Lutundula évoque les raisons de l'agression rwandaise à Goma
Alors que la ville de Goma, capitale du Nord-Kivu, fait face à une forte tension due à l'agression rwandaise et à ses supplétifs du M23, Christophe Lutundula, ancien vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, actuellement sénateur, a évoqué les véritables raisons de cette agression lors d'une interview accordée à RFI le 27 janvier.
Christophe Lutundula a souligné que Goma est une plaque tournante économique, notamment pour le commerce des produits miniers. Sur le plan politique, il a évoqué la soif d'hégémonie du président rwandais Paul Kagame, qui cherche à montrer à la communauté internationale qu'il est le seul interlocuteur valable pour les questions de sécurité, de paix et de coopération dans la région des Grands Lacs. Selon Lutundula, Kagame aspire à devenir le successeur du maréchal Mobutu, qui jouait un rôle similaire pendant la guerre froide.
Toujours sur le volet politique, Lutundula a affirmé que Kagame cherche à humilier le peuple congolais en imposant au président Tshisekedi de négocier directement avec les groupes terroristes du M23, alors que Tshisekedi a clairement indiqué que cela constitue une "ligne rouge" à ne pas franchir.
Lutundula a également critiqué le silence de l'Union africaine, qui n'a pas nommé le Rwanda comme soutien du M23. Selon lui, cette attitude n'est pas surprenante, car l'organisation continentale ne s'est jamais prononcée sur des questions préoccupantes du continent, depuis l'époque du maréchal Mobutu. Il a cité des exemples tels que la conférence nationale au Zaïre, le conflit en Éthiopie concernant le grand barrage de la Renaissance, et d'autres tensions à travers le continent. Lutundula pense que l'Afrique a un problème de souveraineté, car la souveraineté signifie être capable de trouver seul des solutions à ses problèmes.
Enfin, Christophe Lutundula a attribué ce silence aux intérêts économiques des multinationales, qui ne veulent pas compromettre leurs relations avec le Rwanda.
Rédaction
