RDC-Rwanda : la controverse enfle autour du retour des réfugiés rwandais

Alors que les tensions diplomatiques entre Kinshasa et Kigali ne cessent de s’intensifier, une nouvelle controverse est venue raviver les crispations régionales : le Rwanda accuse la République démocratique du Congo (RDC) de procéder à des rapatriements forcés de réfugiés rwandais présents sur son territoire. Une allégation que les autorités congolaises rejettent fermement, dénonçant une campagne de désinformation orchestrée par Kigali.
Dans un communiqué publié ce samedi, le Vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, Jacquemin Shabani, a tenu à clarifier la position de Kinshasa. Il a affirmé que tous les retours de réfugiés se faisaient « sans aucune contrainte », dans le strict respect du droit international humanitaire. Selon lui, ces opérations sont encadrées par les accords tripartites signés avec le Rwanda et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), notamment celui de 2010 signé à Kigali, ainsi qu’un précédent accord datant de 1994. Kinshasa assure que le processus est entièrement volontaire et transparent.
« Des milliers de réfugiés rwandais ont regagné leur pays d’origine avec l’appui du HCR, dans des conditions respectant leur dignité et leur sécurité », précise le gouvernement congolais, tout en soulignant que chaque départ est précédé d’un processus d’identification rigoureux, mené en coordination avec les autorités rwandaises et les agences onusiennes compétentes.
La polémique intervient dans un contexte sécuritaire tendu à l’est de la RDC, où des affrontements entre les forces congolaises et des groupes armés continuent de provoquer des déplacements massifs de population. Kinshasa tient à distinguer ces mouvements internes de réfugiés des opérations de rapatriement. À ce titre, les autorités précisent que les réfugiés installés récemment à Sake, dans le Nord-Kivu, y ont été déplacés non pas pour être rapatriés mais pour fuir les combats, trouvant refuge dans des écoles transformées en centres d’accueil temporaires.
Par ailleurs, la RDC rejette les accusations selon lesquelles certains réfugiés seraient manipulés ou pris en otage par les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), une milice active dans la région. Le gouvernement affirme que tous les réfugiés concernés sont correctement enregistrés et signalés à leurs autorités nationales conformément aux cadres juridiques établis.
Kinshasa accuse en retour Kigali de chercher à instrumentaliser la question des réfugiés pour des objectifs politiques. Le communiqué évoque notamment la réunion de Luanda du 27 mars 2025, au cours de laquelle un opérateur de transport de réfugiés aurait reconnu des mouvements irréguliers à Kabuhanga, renforçant selon Kinshasa l’idée d’une complexité sécuritaire croissante à la frontière.
Face à ces accusations croisées, la RDC réitère sa volonté de coopérer avec ses voisins et les partenaires internationaux pour une gestion concertée de la question des réfugiés. « La priorité reste de garantir la dignité, la sécurité et l’ordre sur notre territoire, tout en favorisant des solutions durables et pacifiques », conclut le communiqué officiel.
ST