RDC : Thérèse Kayikwamba sonne l'alarme à l'ONU: L'inertie tue, la paix s'éloigne»

Devant un Conseil de Sécurité des Nations Unies réuni d'urgence sur la crise des Grands Lacs, la ministre congolaise des Affaires Étrangères dénonce avec force l'inaction de la communauté internationale face à la spirale de violence et à la catastrophe humanitaire qui s'aggrave en RDC.
Cinquante-quatre jours. C'est le temps écoulé depuis l'adoption de la résolution 27/73 du Conseil de Sécurité, une période que la ministre des Affaires étrangères de la République démocratique du Congo, Thérèse Kayukwamaba Wagner, a qualifiée ce 16 avril à New York d'attente stérile, d'inertie coupable et de continuation funeste des violences sur le terrain. Face à un Conseil réuni pour examiner la situation critique dans la région des Grands Lacs, la voix de la RDC a porté un message sans équivoque : “la situation se détériore inexorablement, et l'urgence d'une action concertée n'a jamais été aussi criante.”
S'appuyant sur le dernier rapport alarmant du Secrétaire général de l'ONU, la ministre Wagner a dressé un tableau sombre de la réalité sur le terrain. Les aéroports stratégiques de Goma et Bukavu restent sous la coupe du M23 et des RDF, tandis que dans les zones qu'ils occupent, un régime de terreur s'installe. Exécutions sommaires, enlèvements, enrôlements forcés et violations des droits humains fondamentaux sont le lot quotidien des populations civiles. Plus inquiétant encore, une structure politico-juridique parallèle, fondée sur la force brute, est en train de s'imposer, foulant au pied la souveraineté de l'État congolais.
À cette dynamique de prédation territoriale et militaire s'ajoute une crise humanitaire d'une ampleur tragique. Les chiffres, relayés par le Secrétaire général et la Directrice exécutive de l'UNICEF, sont glaçants : *plus d'un million et demi de nouveaux déplacés*, des zones entières devenues inaccessibles à l'aide, et une multiplication des attaques barbares contre les camps de déplacés et les centres de soins. La ministre Wagner a insisté sur le coût budgétaire insoutenable imposé aux agences humanitaires onusiennes, compromettant dangereusement leur capacité à répondre à des besoins qui explosent alors que les ressources s'amenuisent.
Dans un appel vibrant à la conscience de la communauté internationale, Thérèse Kayikwamba Wagner a souligné que l'urgence humanitaire en RDC ne souffre plus d'aucun délai. Au-delà d'un impératif moral, la stabilité régionale est en jeu. Le flux incessant de réfugiés vers les pays voisins fragilise des écosystèmes sociaux déjà précaires, créant un terreau fertile pour de nouvelles tensions.
Avec une lucidité poignante, la ministre a abordé la question sensible du retour des déplacés et des réfugiés. Dans un contexte d'occupation prolongée et de tentatives de repopulation imposée, ce retour représente un défi majeur pour la cohésion sociale et la mémoire des territoires. Mal gérée, cette question pourrait devenir la source de conflits futurs, minant toute perspective de paix durable dans la région des Grands Lacs.
Le message de la RDC devant le Conseil de Sécurité est clair : l'heure n'est plus à l'attente, mais à une action internationale résolue pour stopper l'engrenage de la violence et conjurer une catastrophe humanitaire annoncée.
Guy Mafuta