Suivi budgétaire en RDC : CREFDL révèle des discordances budgétaires en 2024, contredisant les annonces du Ministre des Finances

Dans un contexte où la transparence budgétaire est cruciale pour la confiance publique, le Centre de Recherche en Finances Publiques et Développement Local (CREFDL) joue un rôle essentiel en surveillant l'exécution de la loi de finances pour l'année 2024. Leur dernier rapport révèle des divergences préoccupantes dans les chiffres officiels, soulevant des questions sur la gestion des finances publiques en République Démocratique du Congo (RDC).
Tout commence avec un communiqué du Ministre des Finances, annonçant que les recettes intérieures pour l'année 2024 ont atteint 25 188,6 milliards de francs congolais (FC), dépassant les prévisions annuelles de 24 407 milliards FC. Un succès apparent, avec un taux de réalisation de 103,2%. Cependant, un détail crucial manque : les recettes exceptionnelles, notamment celles issues de la convention sino-congolaise, ne sont pas mentionnées.
La Banque Centrale du Congo (BCC) entre en scène avec sa note de conjoncture économique du 27 décembre 2024. Elle présente des chiffres différents : les recettes de l'État s'élèvent à 25 826,9 milliards FC, tandis que les dépenses atteignent 28 036,0 milliards FC, créant un déficit de 2 209,1 milliards FC. Cette divergence de 638,3 milliards FC entre les chiffres du Ministre des Finances et ceux de la BCC ne passe pas inaperçue et soulève des questions sur la fiabilité des données budgétaires.
Le Parlement avait pourtant modifié le budget initial de 2024, fixant les recettes internes à 27 195,5 milliards FC. En se basant sur cette révision, le taux de réalisation des recettes au 31 décembre est de 92,6%, contredisant ainsi les performances annoncées par le Ministre des Finances. Cette situation met en lumière les défis de la gestion budgétaire en RDC.
Des failles dans le circuit de la recette publique
Le CREFDL souligne par ailleurs que l'utilisation des systèmes LOGIRAD et Isys-Régie devrait permettre au Ministre des Finances d'avoir une vue complète des recettes publiques 48 heures après leur encaissement. Pourtant, l'absence de conciliation des statistiques avant la publication des données officielles révèle des failles persistantes dans le circuit de la recette publique. Ce problème, récurrent depuis 2014, remet en question la crédibilité et la sincérité budgétaire.
La discordance des chiffres entre les différentes institutions et l'absence de transparence sur certaines recettes exceptionnelles mettent en lumière les défis de la gestion budgétaire en RDC. Pour renforcer la confiance du public et assurer une gestion financière transparente, il est crucial que les autorités harmonisent leurs données et améliorent la communication sur l'exécution budgétaire. Le CREFDL, en mettant en lumière ces discordances, joue un rôle vital dans la quête de transparence et de responsabilité en matière de finances publiques.
Guyvenant Misenge