Tracasserie routière à Kinshasa : un fardeau de fin d'année
À l'approche des fêtes de fin d'année, Kinshasa se transforme en une ruche bourdonnante. Les rues sont envahies par des parents pressés, des enfants excités et des commerçants affairés. Chacun se prépare pour Noël et le Nouvel An, achetant des vêtements, de la nourriture, des décorations, et réglant les frais scolaires pour les examens du premier trimestre. Mais derrière cette effervescence festive se cache une réalité plus sombre : la tracasserie routière.
Ce matin du 9 décembre 2024, l'équipe de rédaction de NewNarratif Rdc.net a décidé de descendre sur le terrain, à Pompage, dans la commune de Ngaliema, pour comprendre ce que vivent les conducteurs de taxis et les motocyclistes. Dès notre arrivée, les témoignages affluent, peignant un tableau de frustration et de désespoir.
Samuel Onya, un motocycliste de Pompage, nous accueille avec un sourire fatigué. « Les policiers du PCR nous arrêtent gratuitement, pour se faire de l'argent. Ils nous rançonnent comme si nous étions leurs champs où ils sont censés récolter de l'argent, » dit-il, en secouant la tête. Il nous explique que ces policiers participent à des tontines et viennent extorquer les motocyclistes pour payer leurs engagements.
À côté de lui, Michel Toko, un autre motocycliste, hoche la tête en signe d'approbation. « Les policiers qui sont censés mettre de l'ordre sèment eux-mêmes le désordre. Ils nous arrêtent sans raison valable, et les amendes varient selon leurs humeurs, allant de 50 000 à 200 000 francs congolais », ajoute-t-il, les yeux remplis de colère.
Nous décidons de parler à l'agent Mbala, un policier en service à Pompage. Il défend ses actions avec fermeté : « Ils savent tous que c'est interdit de stationner sous le saut de mouton, mais ils continuent de le faire, ce qui réduit la route et crée des embouteillages. » Pour lui, les motocyclistes sont indisciplinés et il est de son devoir de maintenir l'ordre.
Les autorités de la ville ont déjà tenté de remédier à la situation. Il y a deux mois, le chef de la police de Kinshasa a tenu un meeting populaire à Pompage, demandant à la population de ne plus vendre sous le saut de mouton pour des raisons de sécurité. Malgré ces avertissements, les vendeurs et les motocyclistes continuent de braver les interdictions, mettant leur vie en danger.
Mais les policiers routiers ne sont pas les seuls à compliquer la vie des motocyclistes. Inspecteurs de transport et agents de renseignements se joignent à la mêlée, vérifiant souvent les mêmes documents. Michel Toko nous confie : « Même si vous avez le casque, vous avez mis le ketch, vous avez tous les documents (carte rose, permis de conduire, autorisation de transport, fiche d'identification, taxe), ces agents trouveront toujours quelque chose pour vous incriminer. »
La période des fêtes de fin d'année à Kinshasa est marquée par une double pression : celle de répondre aux besoins festifs et celle de faire face à la tracasserie routière.
Les motocyclistes, en particulier, se trouvent pris entre les exigences des fêtes et les abus des forces de l'ordre. Une situation qui appelle à une réflexion sur les moyens de concilier sécurité routière et respect des droits des citoyens.
Ainsi, alors que Kinshasa s'illumine pour les fêtes, les motocyclistes continuent de naviguer dans un labyrinthe de tracasseries, espérant que l'année à venir apportera un peu de répit et de justice.
Guyvenant Misenge