Beni : Derrière les barreaux, une bouffée de prévention VIH/Sida pour les femmes oubliées

L'ombre des murs de la prison centrale de Beni a été brièvement éclaircie ce vendredi 11 avril 2025 par une initiative porteuse d'espoir. À l'instigation de l’Unité d’appui à l’administration pénitentiaire de la MONUSCO, l'équipe médicale du contingent indien a franchi les portes de la geôle pour offrir à 68 femmes détenues une session de sensibilisation vitale : les dangers du VIH/Sida, les rudiments de l'hygiène et les clés d'un assainissement minimal.
Dans cet univers clos où la promiscuité exacerbe les risques sanitaires, l'initiative a résonné comme un rappel que même derrière les barreaux, la prévention reste un droit fondamental. L'Unité d’appui à l’administration pénitentiaire de la MONUSCO de Beni pointe du doigt la nature pathogène du milieu carcéral, terre fertile pour la transmission du VIH/Sida et d'autres affections contagieuses. Si chez les hommes, le taux de prévalence du VIH alarme les statistiques internes, chez les femmes, les infections urinaires constituent le lot quotidien, venant s'ajouter à la menace silencieuse du virus.
L'enjeu de cette sensibilisation était clair : armer ces femmes de connaissances pour rompre la chaîne de transmission dans un espace où la distance sociale est un luxe inaccessible.
La prison centrale de Beni, conçue pour accueillir 250 âmes, en entasse aujourd'hui 1 448, parmi lesquelles 68 femmes et 43 mineurs. Cette surpopulation carcérale exacerbe inévitablement les vulnérabilités sanitaires.
Pour certaines des détenues, cette rencontre avec la prévention fut une révélation. La gratitude exprimée à la MONUSCO pour cette attention particulière a souligné un sentiment d'isolement souvent ressenti. Yvone Kavira Mwanaki, surveillante et porte-parole d'un jour, a articulé l'espoir insufflé par cette démarche : « À travers cette sensibilisation, la MONUSCO a voulu que ces femmes sachent comment se protéger contre le VIH/SIDA, car une fois libres, elles ne doivent plus être victimes. Cette présence ici à la prison prouve que ces femmes ne sont pas rejetées, ni oubliées ; ce qui nous réjouit aujourd’hui. À cette occasion, on leur a aussi appris l’assainissement et l’hygiène corporelle pour éviter d'attraper différentes infections. C’était aussi un bon moment de sensibilisation, car la vie ne se limite pas seulement à la prison. Après leur sortie, elles doivent vivre en bonne santé, voilà pourquoi cette séance était très importante. » Son témoignage a rappelé que cette initiative s'inscrit dans une série d'actions de la MONUSCO, qui a déjà permis aux femmes détenues d'acquérir des compétences valorisantes et d'être sensibilisées à la lutte contre les violences sexuelles.
Au-delà des paroles et des conseils, le contingent indien de la MONUSCO a manifesté une solidarité concrète en distribuant des vivres et des articles de première nécessité, tels que des vêtements et des couvertures, apportant un peu de réconfort dans un quotidien souvent austère.
Juvenal Bulemo