Consultations politiques en RDC : le sénateur Ngoyi Kasanji s’interroge sur la démarche

Après deux jours de consultations en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale, le sénateur Alphonse Ngoyi Kasanji a exprimé des réserves sur la nature et le cadre juridique de ces discussions. Dans une déclaration publiée sur son compte X, il a soulevé des interrogations sur les objectifs réels de ces consultations et leur conformité aux procédures établies.

Le sénateur a d’abord pointé du doigt l’absence d’un cadre juridique clair pour encadrer ces consultations. « Du mal à situer la nature des défilés observés ces derniers jours où les chefs des institutions et groupes politiques de la majorité sont consultés jusque-là. Existe-t-il un cadre juridique y afférent ? », s’est-il interrogé. Selon lui, les audiences successives laissent penser qu’il s’agit davantage d’un processus interne visant à apaiser les frustrations politiques au sein de la majorité présidentielle, voire à réajuster le gouvernement en y intégrant de nouvelles personnalités.

Ngoyi Kasanji a également rappelé que le chef de l’État avait initialement évoqué la formation d’un gouvernement d’union nationale comme une opportunité de rassembler toutes les forces politiques et sociales pour faire face à la guerre d’agression. Cependant, il estime que la démarche actuelle semble s’éloigner de cet objectif. « J’ai l’impression qu’on s’écarte peu à peu de l’objectif principal de la cohésion nationale face à la guerre d’agression », a-t-il écrit.

L’ancien gouverneur du Kasaï Orientale a par ailleurs évoqué des précédents, notamment la désignation d’un informateur sans cadre juridique, qui avait conduit à une reprise à zéro du processus par le formateur, entraînant une perte de temps précieux. Il a souligné que, dans un contexte critique comme celui que traverse actuellement la RDC, des mesures exceptionnelles et bien définies sont nécessaires pour répondre efficacement aux défis.

Enfin, Ngoyi Kasanji a conclu en affirmant que si ces consultations visaient un remaniement gouvernemental, elles devraient être menées par la Première ministre. De même, si elles avaient pour but une décrispation politique, sécuritaire et sociale, un acte juridique devrait en définir les contours. « Il y a des choses qui s’admettraient en temps normal et il y a des options à lever en temps critique pour trouver les réponses aux causes de la situation actuelle », a-t-il insisté.

Cette prise de position du sénateur reflète les interrogations croissantes sur la finalité et l’efficacité des consultations en cours, dans un contexte où la RDC fait face à des défis politiques et sécuritaires majeurs. Par ailleurs, il est important de noter que plusieurs grandes figures de l’opposition, notamment Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Matata Ponyo, Joseph Kabila et Delly Sesanga, ont choisi de boycotter ces consultations. Leur absence soulève des questions sur l’inclusivité et la capacité de ces discussions à rassembler toutes les forces nécessaires pour relever les défis actuels.

Guyvenant Misenge