Focus sur la guerre à l'Est de la RDC : le retrait du M23 à Walikale, entre espoir et défis humanitaires
L’armée congolaise a, ce 22 mars annoncé le retrait des rebelles du groupe M23 de la localité stratégique de Walikale, située dans la province du Nord-Kivu. Ce retrait, réalisé dans le cadre des accords de Doha signés le 18 mars par le Qatar, la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, suscite autant d’espoir que de préoccupations dans une région profondément marquée par des années de conflit.
Selon le communiqué officiel, les Forces Armées de la RDC (FARDC) surveillent attentivement le retrait des forces hostiles jusqu'à l'Est de la cité de Kibati. Conformément aux accords de Doha, elles se sont engagées à ne pas mener d'actions offensives afin de favoriser la désescalade et le processus de paix. Cette démarche s’inscrit dans les initiatives diplomatiques amorcées à Luanda et Nairobi, et récemment renforcées par les discussions à Doha et Washington.
Cependant, le retrait de l’AFC/M23 intervient après une période de violences intenses ayant causé des pertes humaines considérables et un exode massif. Entre le 14 et le 22 mars, près de 37 600 personnes ont fui Walikale pour trouver refuge dans le Maniema, selon la Direction Générale des Migrations (DGM). Parmi les déplacés, de nombreux groupes vulnérables sont recensés, notamment des femmes allaitantes, des enfants en âge scolaire, et des femmes enceintes.
*Défis humanitaires urgents à Lubutu*
La ville de Lubutu, située dans le Maniema, fait face à une crise humanitaire croissante en raison de l’afflux des déplacés. Mutoro Mumbere Jean Pierre, président de la Société Civile du territoire, a lancé un appel urgent aux organisations humanitaires pour venir en aide aux populations en détresse. « La situation sur le terrain nécessite une intervention rapide pour éviter une aggravation des conditions de vie des déplacés », a-t-il souligné. Les besoins en vivres, abris, et soins de santé sont criants et mettent en lumière la complexité des impacts du conflit sur les communautés locales.
Pendant que le Nord-Kivu accueille des signes prometteurs de retrait, le Sud-Kivu reste en proie à de violents affrontements. Le 22 mars, des combats ont éclaté entre le M23 et les forces d’autodéfense Wazalendo sur la colline Kamina, près de Namurambira. Ces attaques pourraient compromettre la mise en œuvre des accords de cessez-le-feu et offrir un prétexte aux rebelles pour poursuivre leurs offensives. Cette situation illustre les défis de stabilisation dans une région où les tensions demeurent vives.
Le retrait de l’AFC/M23 à Walikale constitue une lueur d’espoir pour les populations déplacées et un pas vers la paix, mais il est loin de résoudre les complexités du conflit à l’Est de la RDC. La communauté internationale et les acteurs humanitaires sont appelés à intensifier leurs efforts pour répondre aux besoins immédiats des déplacés tout en soutenant la mise en œuvre des accords de paix.
L’avenir dépendra de la capacité des parties impliquées à respecter leurs engagements, à désamorcer les tensions, et à trouver des solutions durables. En attendant, les populations locales espèrent un retour progressif à la stabilité, dans une région qui aspire depuis trop longtemps à la paix.
Mulebourg
