Quand le Silence Devient Complicité: L'Énigmatique Mutisme de Joseph Kabila Face à la Tragédie Congolaise
Alors que l'Est de la République Démocratique du Congo continue de sombrer dans une violence inouïe, exacerbée par l'agression du M23 soutenu par le Rwanda, le silence persistant de l'ancien Président Joseph Kabila soulève des questions troublantes et des accusations de complicité. Député national et chercheur en droit, l'Hon. Prof. Mechack MANDEFU MUELA dénonce avec force ce qu'il qualifie de "posture trouble" de l'ancien chef d'État, dont le statut de sénateur à vie l'oblige pourtant à être une voix de sagesse pour la nation.
Le titre de sénateur à vie, conféré aux anciens Présidents congolais en vertu de l'article 104 de la Constitution, n'est pas qu'une simple distinction honorifique. Il confère à son titulaire tous les avantages et, surtout, les obligations d'un sénateur. Au-delà des privilèges, ce statut s'accompagne d'un devoir moral, celui d'être un pilier, une figure d'équilibre et une source de sagesse dans les moments les plus sombres de l'histoire du pays.
Pourtant, face à la guerre d'agression menée par le M23, dont l'appui du Rwanda est amplement documenté par des rapports onusiens et de nombreuses chancelleries internationales, Joseph Kabila a choisi le mutisme. Pendant près de six longues années, alors que des massacres, des déplacements massifs de populations et des humiliations indicibles frappaient les Congolais de l'Est, aucune condamnation claire, aucun message de soutien aux victimes, aucune prise de position tranchée n'est venue de celui qui a dirigé le pays pendant près de vingt ans.
Le Prof. Mandefu Muela, dans une analyse percutante, souligne que ce silence, loin d'être une simple réserve, s'est transformé en une forme de complicité. "Ce mutisme, au lieu d’être une posture de réserve, a fini par ressembler à une forme de complicité avec les bourreaux," affirme-t-il, faisant écho au sentiment d'abandon ressenti par de nombreux Congolais.
Le retour tardif et parcimonieux de Joseph Kabila sur la scène publique, après des années d'absence quasi totale, ne fait qu'accentuer le malaise. Pour beaucoup, ce silence prolongé est inexplicable et impardonnable, surtout de la part d'une personnalité qui a incarné l'État congolais pendant une période cruciale de son histoire.
La nation congolaise, en proie à une tragédie humanitaire sans précédent dans sa partie orientale, cherche des repères.
Elle attend de ses anciens dirigeants, et particulièrement de ceux qui bénéficient d'un statut constitutionnel leur conférant une responsabilité particulière, qu'ils se tiennent aux côtés de leur peuple.
Le silence de Joseph Kabila, dans ce contexte, ne peut être interprété que comme une démission, une forme de désintérêt face à la souffrance de ses concitoyens, ou pire encore, une validation tacite des exactions commises.
Alors que les appels à la paix et à la justice résonnent de plus en plus fort, la question de la position de Joseph Kabila face à la tragédie congolaise demeure entière. Le mutisme de l'ancien Président, loin de le préserver, l'expose désormais à des accusations de compromission dont le poids pèsera lourd dans l'histoire de la RDC.
Gracieux Bazege
