AFC/M23 : Des tensions internes secouent le mouvement malgré ses avancées militaires dans l’Est de la RDC
Un rapport confidentiel du groupe d’experts des Nations Unies met en lumière les divisions au sein de la rébellion, le retour annoncé de Joseph Kabila et la manœuvre stratégique impliquant Laurent Nkunda.
Malgré ses avancées militaires spectaculaires dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, le mouvement rebelle Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) traverse une zone de turbulence interne. C’est ce que révèle un rapport confidentiel du groupe d’experts des Nations Unies consulté par le média ACTUALITE.CD le mercredi 2 juillet 2025.
Selon ce document, des tensions croissantes secouent la hiérarchie du mouvement rebelle. En cause, plusieurs nominations internes jugées contestables et surtout l’annonce du retour sur le sol congolais de l’ancien président Joseph Kabila, via Goma, ville sous contrôle de l’AFC/M23. Cette situation aurait ravivé les clivages entre les factions rwandaises et ougandaises historiques qui coexistent au sein du groupe.
Pour désamorcer cette crise interne et restaurer une forme de cohésion, Kigali envisagerait de confier un poste important à l’ancien chef rebelle Laurent Nkunda, pourtant sous sanctions internationales. Ce retour sur le devant de la scène s’inscrirait dans une stratégie visant à renforcer la légitimité interne du mouvement et à rallier davantage de soutien populaire dans les zones occupées.
Le rapport onusien précise que ces développements surviennent dans un contexte d’élargissement des alliances de l’AFC/M23. Plusieurs groupes armés, dont d’anciens Wazalendo, ont changé d’allégeance en faveur de l’AFC/M23, impressionnés par sa progression rapide sur le terrain. Le document indique également que certains acteurs politiques et militaires influents, comme Joseph Kabila, Moïse Katumbi ou encore le général John Numbi, bien que n’ayant pas officiellement rejoint la rébellion, sont en contact régulier avec Corneille Nangaa, Kigali et Kampala.
Sur le plan militaire, le rapport dépeint une situation préoccupante pour les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Incapables de sécuriser certaines capitales provinciales, elles font face à des vagues de désertions et des pertes humaines considérables. Une réalité qui met à nu la fragilité structurelle de l’institution militaire congolaise et affaiblit considérablement sa crédibilité aux yeux de la population.
L’AFC/M23, héritier du Mouvement du 23 mars (M23), est un groupe majoritairement composé d’anciens éléments du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), intégrés aux FARDC avant de se rebeller à nouveau en 2012. Après une accalmie entre 2013 et 2021, le groupe est revenu en force, prenant le contrôle de vastes zones dans l’est de la RDC. Contrairement aux épisodes précédents, cette résurgence est marquée par un enracinement plus profond et une influence politique élargie.
Malgré des tentatives diplomatiques, dont la signature de l’accord de Washington entre la RDC et le Rwanda, aucun progrès significatif vers une solution durable n’a encore été observé.
L’AFC/M23 ne se limite plus à un simple mouvement militaire ; il est désormais un acteur politique majeur dans la crise qui secoue l’est de la RDC. Ses divisions internes, ses alliances stratégiques et son ancrage territorial font de lui un enjeu central pour l’avenir de la stabilité régionale. Le rôle joué par Kigali et Kampala, ainsi que les signaux ambigus envoyés par certaines figures politiques congolaises, interrogent sur la trajectoire que prendra cette crise dans les mois à venir.
La Rédaction
