Pour éviter toute toute confusion et interprétation erronée sur l'accord de Washington, Kayikwamba et Muyaya «en détail»

Le gouvernement congolais a organisé un briefing presse d’envergure tenu ce 3 juillet, pour présenter à la population le contenu de l’accord de paix signé le 27 juin à Washington entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. Un moment qualifié d’« historique » par les autorités congolaises, car il amorce, selon elles, la fin de plus de trois décennies de conflits récurrents dans l’est du pays.
Au pupitre, le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, aux côtés de la ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner. Ce premier point de presse, qui marque le lancement d’une série de communications à venir, visait à expliquer de façon pédagogique le contenu de l’accord et ses implications.
Un document « historique » pour une paix durable
« C’est un document historique qui ouvre la voie au retour de la paix dans l’est de la RDC et qui boucle plus de 30 ans de conflits », a déclaré Patrick Muyaya en introduction. Selon lui, ce texte est le fruit d’un long processus de négociations et d’efforts diplomatiques constants, portés par le président Félix Tshisekedi, dans l’intérêt des populations déplacées et meurtries par la guerre.
Un extrait du discours du chef de l’État, prononcé le 30 juin à l’occasion de la fête de l’indépendance, a été diffusé pour rappeler les lignes rouges de sa politique : « Les ressources de la RDC ne seront jamais bradées ni livrées à des intérêts étrangers ».
Un processus conduit avec la médiation des États-Unis
La ministre Thérèse Kayikwamba Wagner a pris la parole pour revenir sur le contexte ayant conduit à la signature de l’accord. Elle a rappelé que tout a débuté le 25 avril avec la Déclaration des principes, signée par les ministres des Affaires étrangères de la RDC et du Rwanda à Washington. Cette première étape a été suivie de négociations techniques intenses, qui ont abouti à un projet d’accord final le 18 juin.
Le 27 juin, l’accord de paix a été officiellement signé par la RDC et le Rwanda, en présence du secrétaire d’État américain Marco Rubio. Les signataires ont ensuite été reçus à la Maison Blanche par l’ancien président Donald Trump, qui a salué le courage politique des deux pays et exigé le respect strict de l’accord.
Un sommet de haut niveau est annoncé entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame, à Washington, dans les semaines à venir, toujours sous l’égide de la médiation américaine.
Un accord politique et sécuritaire, pas économique
La ministre Kayikwamba a insisté sur la nature de l’accord : « Il ne s’agit ni d’un traité économique entre la RDC et les États-Unis, ni d’un accord commercial bilatéral entre la RDC et le Rwanda. C’est un accord politique et sécuritaire, fondé sur des engagements concrets. »
Parmi ces engagements : la cessation des hostilités, le retrait des troupes étrangères, la fin du soutien aux groupes armés, la neutralisation des menaces résiduelles, et le retour durable des déplacés dans les zones affectées.
Le préambule : une boussole politique et éthique
La ministre a accordé une importance particulière au préambule de l’accord, qu’elle qualifie de « boussole politique » du texte. Ce dernier réaffirme l’attachement des parties aux principes du droit international, aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, notamment la résolution 2773, ainsi qu’aux efforts régionaux de l’Union africaine et de la CIRGL.
« Le préambule n’est pas une formalité. Il encadre l’interprétation de chaque article et constitue la conscience politique de l’accord », a-t-elle affirmé, saluant également la reconnaissance explicite, pour la première fois depuis plus de 20 ans, du rôle de la déstabilisation de la RDC par des forces extérieures.
Toutefois, Ce briefing marque le début d’un processus de vulgarisation de l’accord auprès de l’opinion congolaise. Le gouvernement prévoit plusieurs autres séances d’explication, notamment en langues nationales, afin de permettre à tous les Congolais de comprendre les enjeux de ce tournant diplomatique majeur.
Gracieux Bazege