Kamitatu prône le fédéralisme : Célestin Junior Kazadi y voit un cadeau empoisonné pour la RDC
La proposition d'un État fédéral par Olivier Kamitatu suscite l'enthousiasme de certains, mais Célestin Junior Kazadi, figure de l'Action pour la Relève Éclairée (ARE), dresse une analyse sans concession : derrière la promesse d'autonomie se cache un risque majeur pour l'unité de la RDC.
L'idée d'un fédéralisme comme solution aux défis de la République Démocratique du Congo (RDC) refait surface, portée par la voix d'Olivier Kamitatu. Cependant, Célestin Junior Kazadi, Coordonnateur de l'Action pour la Relève Éclairée (ARE), adopte une posture critique face à cette vision. En effet, si la perspective d'une plus grande autonomie régionale et d'une gestion locale des ressources peut initialement séduire, l'analyste politique met en garde contre une interprétation qu'il juge potentiellement dangereuse pour la cohésion nationale. Pour l'ARE, le contexte congolais actuel, marqué par des fragilités institutionnelles et des divisions persistantes, pourrait transformer ce rêve d'autonomie en un véritable cadeau empoisonné pour l'unité du pays.
En examinant de plus près la proposition, on constate que l'ancien président de l'Assemblée nationale suggère de calquer le futur fédéralisme congolais sur le découpage des anciennes provinces coloniales et post-indépendance. Or, pour l'ARE, cette approche risque d'exacerber les identités régionales et ethniques, fragilisant un sentiment d'appartenance nationale encore en construction. À titre d'illustration, l'exemple de l'Éthiopie, un État fédéral ethnique en proie à des conflits internes, sert de sombre avertissement : un fédéralisme mal conçu peut rapidement devenir un facteur de désintégration. Dès lors, la question de la pertinence de ce modèle pour la RDC se pose avec acuité.
L'attrait d'une gestion décentralisée des richesses, souvent présenté comme un remède aux inégalités, suscite également le scepticisme au sein de l'ARE. Selon Célestin Junior Kazadi, dans un pays miné par la corruption et la mauvaise gouvernance, la décentralisation financière pourrait créer des baronnies locales incontrôlables, perpétuant le détournement de fonds au détriment des populations. Pour étayer son propos, il évoque le Nigeria, dont l'expérience mitigée du fédéralisme pétrolier illustre les risques d'une décentralisation des ressources sans mécanismes de contrôle rigoureux. Ainsi, l'enthousiasme initial pour cette idée s'estompe face aux réalités du terrain.
Plus fondamentalement, l'ARE soulève la question de la capacité d'un État central encore fragile à garantir la cohésion nationale dans un système fédéral. Dans cette perspective, Célestin Junior Kazadi souligne que dans un pays où l'autorité de Kinshasa est contestée dans de vastes territoires, une décentralisation abrupte des pouvoirs pourrait conduire à une fragmentation de facto, où chaque entité fédérée agirait selon ses propres intérêts, au détriment de l'unité nationale. L'histoire récente de la RDC, marquée par des rébellions et des zones de non-droit, rappelle la nécessité d'un État central fort avant toute réforme structurelle majeure. Par conséquent, la mise en œuvre d'un fédéralisme dans un tel contexte apparaît délicate.
Le fédéralisme proposé par Monsieur Kamitatu est-il donc une solution audacieuse pour l'avenir de la RDC, ou un pari risqué aux conséquences potentiellement désastreuses pour son unité ? En guise de conclusion, pour Célestin Junior Kazadi et l'ARE, la prudence est de mise. Avant d'envisager un changement aussi profond de sa structure étatique, la RDC a besoin d'un renforcement de ses institutions, d'une lutte efficace contre la corruption et d'un dialogue national inclusif. Selon leur analyse, rêver d'un fédéralisme idéal sans s'attaquer aux défis fondamentaux du pays pourrait transformer une aspiration légitime en une menace réelle pour son existence même. L'unité de la RDC mérite une approche réfléchie et progressive, une position que l'ARE entend défendre avec conviction.
Guyvenant Misenge
