Le 8 Mars: Entre célébration et commémoration, un cri pour la Justice et l'Égalité (Tribune)
<p>Le 8 mars 2024 soulève une interrogation fondamentale : s'agit-il d'une célébration ou d'une commémoration ? Cette date, symbole de la lutte pour l'égalité des droits entre les sexes, est marquée par le souvenir amer des violences subies par les femmes. Selon des études de l'ONU, un tiers des femmes dans le monde sont confrontées […]</p>
Le 8 mars 2024 soulève une interrogation fondamentale : s'agit-il d'une célébration ou d'une commémoration ? Cette date, symbole de la lutte pour l'égalité des droits entre les sexes, est marquée par le souvenir amer des violences subies par les femmes. Selon des études de l'ONU, un tiers des femmes dans le monde sont confrontées à des agressions sexuelles. Cette journée devrait donc servir à honorer la mémoire de celles qui ont été tuées ou continuent de subir la marginalisation.
La tragique disparition de Mahsan Amini, une jeune Iranienne de 22 ans, arrêtée par la police des mœurs pour avoir laissé apparaître ses cheveux sous son voile, reste gravée dans les mémoires. Sa mère poursuit inlassablement le combat pour obtenir justice pour sa fille. La mort de Mahsan est devenue un emblème de la répression endurée par les femmes en Iran et ailleurs.
Le sort des femmes afghanes est également préoccupant. Un rapport de 2023 des organisations internationales révèle que depuis la prise de Kaboul par les talibans, elles incarnent l'image de l'esclavage moderne. Alors que le monde lutte contre le féminicide, ces femmes endurent des traitements inhumains : absence d'éducation, interdiction de voyager et d'accéder aux lieux publics, comme l'indique un rapporteur.
Ces femmes vivent dans la crainte constante d'être arrêtées ou punies à chaque nouveau décret taliban, d'après un rapport récent des Nations Unies basé sur des témoignages recueillis dans tout le pays.
En République Démocratique du Congo, les violences sexuelles contre les femmes et les filles sont monnaie courante et peuvent mener à la mort. Ces violences persistent depuis plus de 25 ans, alimentées par les conflits incessants. En 2020, Médecins Sans Frontières a pris en charge environ 11 000 victimes dans six provinces. Ces actes ne sont pas uniquement le produit de la guerre ; ils surviennent aussi dans des zones en paix. La stigmatisation et le manque de soutien demeurent le quotidien de la plupart des victimes, avec seulement un quart d'entre elles recevant des soins médicaux et 5% bénéficiant d'un soutien psychosocial, selon l'ONU.
Tant que l'égalité des droits restera conditionnelle, les femmes de cette planète ne pourront pas prétendre à la liberté. Affirmer le contraire serait faire fi du combat de ces femmes courageuses qui se battent pour la liberté des générations présentes et futures. Cela reviendrait aussi à ignorer le sacrifice de la jeune Iranienne devenue icône de la résistance. Plutôt que de célébrer, il conviendrait de commémorer cette journée.
Albert Raphaël Ahindo