RDC-Rwanda : Deux visions des FDLR au cœur des dynamiques sécuritaires de l'Est, selon le Professeur Martin Ziakwau

2 Juillet 2025 - 08:57
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RDC-Rwanda : Deux visions des FDLR au cœur des dynamiques sécuritaires de l'Est, selon le Professeur Martin Ziakwau
Martin Ziakwau, professeur des Universités en RDC, spécialiste des questions internationales

La question des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) reste un point nodal des tensions sécuritaires dans l'Est de la République Démocratique du Congo (RDC) et entre Kinshasa et Kigali.

Le Professeur Martin Ziakwau, chercheur spécialisé sur les dynamiques sécuritaires de cette région, apporte un éclairage nuancé sur les différentes "conceptions des FDLR" qui coexistent, influençant la perception et le traitement de ce groupe armé. 

Première conception : Les FDLR, un groupe génocidaire en déclin tactique

Selon une première acception, "au sens strict", les FDLR désignent les combattants génocidaires qui ont fui le Rwanda après le génocide de 1994.

Le Professeur Ziakwau explique que ce groupe ne représente «plus une menace tactique» significative, près de trente ans après les événements. Il souligne le vieillissement de ces combattants et les multiples opérations militaires – qu'elles soient menées unilatéralement par la RDC, ou en collaboration avec les forces rwandaises et la MONUSCO – qui ont drastiquement réduit leurs effectifs.

En guise d'illustration, Martin Ziakwau rappelle qu'en 2017, «des centaines d'ex-combattants ont ainsi été rapatriés au Rwanda, témoignant d'un déclin tangible de leur influence.» Cette vision met en avant l'affaiblissement opérationnel d'un groupe historique. 

Deuxième conception : Les FDLR comme idéologie et descendance combattante

La seconde conception, "au sens large", propose une définition plus englobante des FDLR. Ici, le terme ne se limite pas au «vecteur armé d'une idéologie génocidaire', inoculée par les Interahamwe et autres extrémistes hutus», mais inclut également "des descendants de ces derniers regroupés dans des recoins aux Nord-Kivu et Sud-Kivu."

Pour Martin Ziakwau, cette perspective considère que "les jeunes issus de cette lignée, initiés aux combats, seraient une menace à la paix et la stabilité de la région."

Cette interprétation élargie suggère une menace idéologique et démographique persistante, au-delà de la seule capacité militaire des combattants originels. 

Les rapports de l'ONU et l'intégration des FDLR aux Wazalendo* C'est cette "dernière conception" – celle qui englobe l'idéologie et les jeunes descendants – qui est "citée dans les Rapports du Groupe d'experts des Nations Unies sur la RDC", précise le chercheur.

À cet égard, le Professeur Ziakwau cite le Rapport à mi-parcours de décembre 2024 du Groupe d'experts de l'ONU. Le point 74 de ce rapport affirme que "Les groupes Wazalendo, dont le commandement militaire des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), ont estimé que la neutralisation prévue des FDLR - leur allié dans les opérations contre la coalition AFC-M23 et la RDF - était une trahison (...)". 

De plus, le point 75 ajoute que "Craignant de nouvelles opérations des FARDC contre les combattants et les bases des FDLR, les FDLR et les Wazalendo ont conjointement renforcé leurs défenses. La principale stratégie était d'intégrer les combattants FDLR dans les unités des VDP/Wazalendo et de faire comme si les FDLR n'existaient plus. Les commandants des FDLR ont demandé aux combattants de se faire passer pour des membres d'autres groupes".

Ces révélations des Nations Unies, relayées par le Professeur Ziakwau, soulignent la complexité des alliances sur le terrain et les stratégies d'occultation adoptées par les FDLR pour échapper aux opérations de traque, compliquant d'autant plus les efforts de stabilisation de la région.

 RB

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